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Carte blanche à Régis Foubert – Régisseur technique et formateur électricité

Je ne pensais pas qu’un jour je ferai partie d’une telle entreprise et que j’y formerai aux risques liés à l’électricité. Faire de la prévention compte beaucoup pour moi. Les « artkeurs » comme je m’amuse à les appeler, sont tous des professionnels du monde du spectacle, techniciens régisseurs ou à la direction technique. On a la même énergie du travail bien fait et un rapport à la sécurité prononcé.

// Interview réalisée par Katia Massol en février 2018 //

© Courrier de l’Ouest

Régis,  électrotechnicien de formation, vous décidez dans les années 90 de vous spécialiser en régie lumière puis vous intervenez en tant qu’électricien/poursuiteur dans des Scènes nationales – comme le Moulin du Roc à Niort – ou encore à l’Opéra Garnier pendant dix ans. Pouvez-vous revenir sur ces missions et nous en dire plus sur votre parcours?

J’ai toujours aimé ça, dès mon plus jeune âge. J’ai appris tout au long de ma vie professionnelle et j’apprends encore au cours de stages, de formations et de rencontres. J’ai voulu allier mes deux passions la musique et l’électricité. J’ai choisi le domaine du spectacle, qui me convenait parfaitement. Photo Courrier de l’Ouest

Pendant plus de huit ans, j’ai effectué des chantiers et différentes prestations pour des concerts, théâtres, défilés de mode, expositions, salons et évènements. J’ai eu mon premier cachet en tant que poursuiteur à l’Opéra Bastille en 1998 où je suis resté une dizaine d’années rattaché au service lumière, mais aussi au Palais Garnier. J’ai appris énormément de choses des anciens techniciens qui pour la plupart ne sont plus. L’art, la manière, la conception de la vieille machinerie par exemple, travailler en direct avec des grands éclairagistes, metteurs en scène, c’était une autre facette, un second souffle. J’ai croisé des personnes comme Jean Kalman, metteur en scène et créateur de lumières ou encore André Diot, directeur de la photographie et éclairagiste de théâtre qui a joué un rôle important dans l’émergence de cette profession en France. Travailler dans le palais de la danse et de la musique classique fut à mes yeux, en tant que musicien amateur, une pure merveille et une belle découverte. Ensuite, j’ai suivi une formation de « régisseur des techniques du spectacle » et je suis reparti vivre dans ma région natale où j’ai commencé à travailler dans des lieux comme le Moulin du Roc à Niort ou encore les Francofolies à La Rochelle.

Aux Francofolies 2017 avec le stockage d’une partie des tourets des câbles d’alimentation du festival et la gestion d’une des armoires électriques.

C’est le moment de la question flash-back. Moments heureux ou de crise, présentez-nous  une expérience liée à la sécurité du spectacle que vous avez vécue et que vous n’oublierez jamais.

On a tous vécu, vu ou entendu un événement lié à la sécurité au travail. Je me souviens d’un démontage d’une structure métallique, au Parc des Princes, pour un événement télévisé « Le plus grand karaoké du monde » présenté par Arthur. Nous étions sous une pluie fine (on appelle ça du « crachin » chez moi) et toutes les parties métalliques nous glissaient littéralement des mains. La plus grande prudence était requise, la vigilance et la douceur du geste, les habilitations, le port des EPI, etc. Malgré le respect de toutes les réglementations de sécurité, toutes les bonnes intentions, un élément de la structure tombât. La cause ? Des gants en cuir, imbibés d’eau, enfilés pour éviter de s’enfourcher de la limaille galvanisée dans la main. La conséquence fût très lourde : un blessé dans un état grave évacué par les pompiers et le Samu. Vous pouvez imaginer l’atmosphère qui régnait à ce moment-là…FIN DE CHANTIER…

Scènes, festivals et  concerts sont vos lieux de travail. Pensez-vous que le milieu du spectacle et de l’évènementiel exige une vigilance particulière sur les questions d’électricité ?

Nous évoluons dans un environnement propice aux incidents et accidents électriques. Les réglementations, les normes et les règles de l’art, en termes de distribution, d’équipement et d’appareillages électriques, constituent – non pas une contrainte de notre métier – mais bien un ensemble qui doit l’accompagner. Malheureusement, j’aperçois encore des lacunes concernant le câblage, la gestion, et la répartition des réseaux de distribution. Il faut continuer de faire de la prévention et de l’information et toujours rester toujours vigilant et alerte. Lorsque j’assure des formations électricité pour ARTEK, les stagiaires arrivent, pour la plupart, avec des questions où planent leurs doutes. Je m’efforce d’y répondre, car il y a toujours des solutions aux problèmes. Quelques photos en prestation avec le moment de pause au pied de la scène des Francofolies en 2016

Vous collaborez depuis 2011 avec ARTEK Formations. Comment définiriez-vous cette coopération ?

Effectivement, je travaille avec ARTEK Formations depuis quelques années maintenant. Je ne pensais pas qu’un jour je ferai partie d’une telle entreprise et que j’y formerai aux risques liés à l’électricité. Faire de la prévention compte beaucoup pour moi. Les « artkeurs » comme je m’amuse à les appeler, sont tous des professionnels du monde du spectacle, techniciens régisseurs ou à la direction technique. On a la même énergie du travail bien fait et un rapport à la sécurité prononcé.

Régisseur technique sur des concerts, « skaffolder » aux Francofolies, vous êtes également musicien.  En quoi votre métier alimente-t-il votre passion de la musique?

La musique a été un des révélateurs de mon métier et mon métier a accentué ma passion de la musique !

Quels sont vos prochains projets ?

Il y a 2 ans, j’ai fondé un groupe de musique, un duo “MANARAGE” qui maintenant est devenu un trio. Alors pourquoi pas envisager une petite formation musicale ou un collectif, un « collectizzacal » quoi ! J’ai également le projet de monter une structure vivante dans ma région, autour du Poitou-Charentes, où pleins d’artistes – aussi bien musiciens, peintres, performers, artistes de rue – se produiraient dans l’idée d’un petit cabaret et participeraient en même temps à des échanges culturels.

Merci Régis d’avoir répondu à nos questions et informez-nous de la suite de vos projets.